Divers poèmes
Des cendres de jadis
Des cendres de jadis
Désormais, il est là ce temps si effarant
Où tous se bousculent, basculent corrompus
Et inconscients vers le chaos et l'inconnu
D'où peuvent renaître l'honni et l'effrayant.
Dans la tristesse et la pénombre de ce jour
Alors que couvent les nuages et l'orage
Je me prends à rêver à un tout autre ciel
Et sous lequel renaîtrait un monde irréel.
Une porte ouverte vers un monde enchanteur
L'éclaircie viendra-t-elle de cet imaginaire ?
De ces univers tant de fois condamnés ?
De ces grimoires antiques cadenassés ?
Que se déploient nos ailes diaphanes dorées
De plumes immaculées, de cuirs azurées
Que vienne ce royaume tant de fois rêvé
Par nous, les hommes, et pourtant si redouté.
Que revivent les fées, les nains et les gnomes
Les elfes, les sorcières aux dons redoutés
Que se dressent les esprits des forêts, des eaux
Et les arches moussues par les siècles rongées.
Arda, Narnia... Toutes irréelles contrées,
Empires de contes, de mythes oubliés.
Entités légendaires, vers nous revenez
Ne restez plus dans nos songes emprisonnées.
Raisons et sentiments... La jeune fille aux remparts.
Raisons et sentiments… La jeune fille aux remparts
Bien au-delà des Monts du Bélier
Et de leurs brumes parfois si nauséeuses
S’ouvre une vallée enchanteresse et rieuse
Que seul un grave et puissant lion sait garder.
Serait-ce de ce levant que viendrait l’espoir ?
Plus doux qu’un alizée, plus fertile
Que le fleuve qui serpente au soir,
Qui baigne les remparts de ma ville
Bien au-delà des Monts du Bélier
Chevauche l’héritier d’une antique lignée
De guerriers vifs, braves et querelleurs,
Portant leur nom à défaut d’être échevelé
Pour qui la chute du jour est une douleur
Craignant d’aimer, à nouveau d’être aimé.
L’occident sera-t-il pour lui signe d’espoir ?
Où se dresse une blanche citadelle
Froid réceptacle où survivent d’autres mémoires ?
Une cité aux murs d’or et d’azur, qu’enserrent
Fleuve, bois, monts, blanche citadelle, la voir
Vous émeut ; et pourtant c’est ici que seule j’erre
Dans les rues, les années, embrouillant mon histoire.
Je le connais si peu ce jeune souverain
Est-il si charmant ? Pressé pas ses courtisans ?
Vaquant sous les ors, de soirées en festins ?
Ou bien simplement paré d’un anneau d’argent
Se contente-t-il de l’éclat du firmament ?
Je n’ai ni or, ni titre, mais l’aurore pour seule
Compagne, les étoiles pour seules suivantes,
Point de tiare, de pourpre, un cristal pour seule
Parure. Les forêts, l’eau le vent me contentent
Comme lui parée d’un anneau d’argent
Comme lui j’observe le firmament.
Qui es-tu ? Qui suis-je vraiment ?
Quelques vers valent-ils de longs discours ?
Pour exprimer des pensées, de brefs sentiments ?
Suffit-il d’échanger de tendres serments,
Afin que deux êtres entrevoient d’heureux jours ?
Qu’il est lourd d’ouvrir son cœur rien qu’un seul instant…
Marcher de concert l’un vers l’autre un seul moment,
N’augure pas d’éternité, pas même de toujours,
Mais un délice que nul ne saurait donner
Qu’il soit un dieu ou le meilleur des amants.
Au commencement du monde
Au commencement du monde
«Je te vois, tu es belle,
Tu quittes ta robe de bure,
Et dans l’étang, lentement tu descends,
Déliant tes boucles brunes, coulant
Au bas de tes reins, le long d’un dos blanc
Ton corps svelte, tes seins d’albâtre…
Modèle de perfection.
- Caché. Te voilà sortant des fourrés,
Et d’eau je feins de me vêtir,
Lentement, tu t’approches,
Au bord de l’eau t’arrêtes.
Mais que veux-tu donc prendre ?
De richesses je n’ai, je vois
Ce que veulent tes yeux, ce que tu veux.»
Elle sort alors de l’eau. Lui se rapproche.
Leurs doigts se frôlent, leurs lèvres se touchent.
«Je te reconnais ma vierge farouche.
- Tandis que moi je t’avais pressenti.
- Gabriel tu m’adores, mais ton maître ?
- Comme le tien, seigneur de l’âme, non du cœur »
Fiévreusement, leur corps, se lient, se mêlent,
Dans un déluge de plumes, d’écailles, d’ailes…
La clé du Songe
La clé du songe
Je me souviens avoir fait, la nuit dernière,
Un rêve merveilleux, un songe du futur.
... Perdu au milieu d'un désert de sable blanc,
Je fus alors sauvé par un groupe d'enfants,
Souriant, en selles sur d'étranges montures :
De gros mammifères velus bardés de fer.
Installé sur le dos d'un de ces animaux,
Je partis donc avec ces jeunes cavaliers.
Nous traversâmes des vallées, puis des forêts ;
Intrigué, sans cesse je les interrogeais ;
" Patience, tu sauras en voyant
Me répondaient-ils toujours, ces drôles de marmots ...
Un jour je la vis, ce diamant de la terre,
Aux sublimes tourelles de verre et d'argent ;
Ses rues opulentes, à ma vue s'étalaient ;
Des gens heureux, de toutes les nations, allaient
Et venaient, chacun à sa besogne vaquant,
Ou aidant son prochain de diverses manières.
Ce monde m'était inconnu ; et étonné
D'y voir une si grande harmonie : sans profit
Et sans haine, ni misère ... à un vieillard
Je demandai, par quel stratagème et quel art,
Un monde idyllique, parfait comme celui-ci,
Existait.
" Il ne tient qu'à toi de le créer
Avec l'aide du reste de l'humanité ;
Ce monde est une réalité pour nous tous,
Dans ton siècle, ce n'est encore qu'une utopie ...
Que s'ouvre grand ton coeur et consacre ta vie
À répandre le Bien en souvenir de nous ;
Construis dans le réel ce que tu as rêvé ... "
Il y a longtemps...
Une voix cristalline a brisé le silence
D'un cœur esseulé, muré dans l'absence.
Ses yeux d'Océan sont une fenêtre ouverte ;
Un simple de ses regards vaut toutes les découvertes.
C'est une fée qui m'a enchanté :
Doux rayon de lune dans la nuit désertée
Par les astres ; elle me sourit parfois ;
Je la regarde, lui parle : de tout et n'importe quoi,
Sans vraiment lui dévoiler ma pensée, ni lui
Demander les siennes. Je la fuis et la poursuis
Inlassablement, ne sachant que faire.
Un soir pourtant j'oserai. Face au soleil couchant
Dans sa lumière d'or, alors que se lève la lune d'argent,
Genou à terre, livrerai les secrets de mon âme
À la Belle aux yeux d'Océan.