L'atelier du Sanctuaire

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Poésies


Calendrier et nouvelle année

Le premier jour de l’an

 

Les sept jours frappent à la porte

Chacun d’eux vous dit:«Lève toi!»

Soufflant le chaud, soufflant le froid,

Soufflant des temps de toute sorte

Quatre saisons et leur escorte

Se partagent les douze mois

Au bout de l’an, le vieux portier

Ouvre toute grande la porte

Et d’une voix beaucoup plus forte

Crie à tous vents: Premier Janvier!

 

Pierre MÉNANTEAU

Poète français (1895 -1992)

 

 

 

 

 

Bonne année

 

Bonne année à toutes les choses :

Au monde ! A la mer ! Aux forêts !

Bonne année à toutes les roses

Que l'hiver prépare en secret

Bonne année à tous ceux qui m'aiment

Et qui m'entendent ici-bas ...

Et bonne année aussi, quand même ,

A tous ceux qui ne m'aiment pas.

 

 

 

Rosemonde GÉRARD

Poétesse et comédienne française (1866 -1953)

 

 

 

 

 

La nouvelle année

 

Nouvelle année, année nouvelle,
Dis-nous, qu’as-tu sous ton bonnet ?
J’ai quatre demoiselles
Toutes grandes et belles.
La plus jeune est en dentelles.
La seconde en épis.
La cadette est en fruits,
Et la dernière en neige.
Voyez le beau cortège !
Nous chantons, nous dansons
La ronde des saisons.

 

 

 

Louisa PAULIN

Poétesse française (1888-1944)

 

 

 

 

 

Clarté d’hiver

 

Noël s’est nourri de miel
De brioche et de lumière
Il a trempé dans la crème
Chaque grelot d’herbe claire.

 

Mille mille cloches neigent
Aux quatre coins de l’hiver
Et toute la maison rêve
Dès qu’on ouvre la fenêtre.

 

 

 

Catherine DE LASA

Auteure et poétesse française (1956 - …)

 

 

 

 

 

Par les temps qui courent

 

Par les temps qui courent

Les jours paraissent courts.

 

Par les semaines qui trottent,

Ce sont des heures qu’on grignote.

 

Par les mois qui galopent,

L’année est finie ! Hop !

 

 

 

Corinne ALBAUT

Poétesse française (1954- …)

 

 

 

 

 

La source

 

Tout au long de l’année
Me parle cette source
En janvier enneigée,
En février gelée,
En mars encore boueuse,
En avril chuchotante,
En mai garnie de fleurs,
En juin toute tiédeur,
En juillet endormie,
En août presque tarie,
En septembre chantante,
En octobre dorée,
En novembre frileuse,
En décembre glacée.
C’est toi, petite source,
Le cœur de la forêt !

 

 

 

Louis GUILLAUME

Écrivain et poète français (1907-1971)

 


05/03/2020
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Poèmes d'hiver

Le bonhomme de neige

 

Un jour, un bonhomme de neige

Eut envie de voyager.

 

Il prit sa belle écharpe beige

Et son bâton de noisetier.

 

A peine arrivé en Afrique,

Il se sentit très fatigué.

 

Il fut piqué par un moustique

À l'ombre d'un grand cocotier.

 

Il fut pris d'une forte fièvre

Et soudain se mit à trembler,

 

Comme tremblent lapins et lièvres

Quand la chasse va commencer.

 

Il transpirait à grosses gouttes,

Il fondait de la tête aux pieds…

 

Albert ATZENWILER

(poète suisse, auteur de contes pour enfants)

(1898-1941)

 

 

 

Chanson pour les enfants l’hiver

 

Dans la nuit de l’hiver galope un grand homme blanc.
C’est un bonhomme de neige avec une pipe en bois,
un grand bonhomme de neige poursuivi par le froid.

 

Il arrive au village.
Voyant de la lumière,
le voilà rassuré.

 

Dans une petite maison, il entre sans frapper
et pour se réchauffer
s’assoit sur le poêle rouge
et d’un coup disparaît,
ne laissant que sa pipe au milieu d’une flaque d’eau,
ne laissant que sa pipe et puis son vieux chapeau…

 

 

Jacques PREVERT

(1900-1977)

 

 

 

Le bonhomme de neige

 

Au nord de la Norvège

Vit un bonhomme de neige.

Il n'a pas peur de fondre,

Là-bas, la neige tombe

Pendant de très longs mois,

Il y fait toujours froid.

 

Et le bonhomme de neige,

Bien assis sur son siège,

Regarde les flocons

Voler en tourbillons.

 

Sais-tu ce que j'en pense ?

Il a bien de la chance

Pour un bonhomme de neige

D'habiter la Norvège.

 

Corinne ALBAUT

("Comptines pour le temps de Noël")

(1954- …)

 

 

 

Petit lutins

 

Avez-vous veillé à ce qu’il n’ait rien oublié?

Avez-vous pensé aux bonbons, aux sapins?

Avez-vous mis de la neige sur son chemin?

Dans sa poche

Trouvera-t-il le grand cahier?

Le cahier avec le nom de tous les enfants

Et puis dans un tout petit étui

Ses lunettes pour lire leurs noms

Dans la nuit

Et maintenant ouvrez la porte du garage

Père Noël partez bien vite

Et bon voyage!

 

 

Lucienne GAMOT

(Poétesse du XXème siècle)

 

 

 

 

Toile d'hiver 

 

La neige est si belle sur les arbres

lorsque s’empilent petit à petit

tous les flocons qui tombent du ciel

 

Tout est blanc et couleur d’écorce

et quelques oiseaux qui brillent comme des étoiles

au milieu de ce ciel de jour où le bleu est parti

 

Un rouge-gorge

Une mésange

Orange

virevoltent autour de la mangeoire

 

Et le grand pré est si blanc

Blanc

Comme une toile moelleuse

Comme une toile d’Hiver

Où les couleurs de vie

ne partiront jamais

 

Elodie SANTOS

(poétesse du XXème siècle)

 

 

 

 

 

Poésie urbaine

 

Paris, fierté de la nation,

Un million d’appartements,

Trop peu pour les pauvres.

Les temps sont tristes

Dans le gobelet du mendiant

Plus de pluie que de pièces.

Malheureusement en hiver

Nous manquons de chaleur,

Même les cœurs sont froids.

 

 

Stéphen Moysan

Poète français

(1979- …)

 

 

 

 

L'hiver

 

L'hiver, s'il tombe de la neige,

Le chien blanc a l'air beige.

 

Les arbres seront bientôt touffus

Comme dans l'été qui n'est plus.

 

Les oiseaux marquent les allées

Avec leurs pattes étoilées.

 

Aussitôt qu'il fait assez jour,

Dans le jardin bien vite on court.

 

Notre maman nous emmitoufle,

Même au soleil, la bise souffle.

 

Pour faire un grand bonhomme blanc,

Tout le monde prend son élan.

 

Après ça, bataille de neige

On s'agite, on crie, on s'assiège.

 

Et puis on rentre, le nez bleu,

Pour se sécher autour du feu

 

Lucie DELARUE-MARDRUS

Poétesse française (1874 -1945)

 

 

 

 

La Cigale et la Fourmi

 

 La Cigale, ayant chanté

Tout l'été,

Se trouva fort dépourvue

Quand la bise fut venue :

Pas un seul petit morceau

De mouche ou de vermisseau.

Elle alla crier famine

Chez la Fourmi sa voisine,

La priant de lui prêter

Quelque grain pour subsister

Jusqu'à la saison nouvelle.

"Je vous paierai, lui dit-elle,

Avant l'août*, foi d'animal,

Intérêt et principal.

"La Fourmi n'est pas prêteuse :

C'est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps chaud ?

 Dit-elle à cette emprunteuse.

-Nuit et jour à tout venant

Je chantais, ne vous déplaise.

-Vous chantiez ? j'en suis fort aise.

Eh bien! dansez maintenant

 

 

 

Jean de LA FONTAINE,

Poète français (1621 – 1695)

 

 

 

 

Chanson d'hiver

 

Le soleil est en congé :

Comme il neige ! comme il neige !

Le soleil est en congé

(Joli temps pour voyager !...)

La froidure a délogé

Sous la neige, sous la neige,

La froidure a délogé

Les oiseaux du potager.

Le soleil est en congé :

Comme il neige ! comme il neige !

Le soleil est en congé

(Quelque part à l'étranger ?...)

Quant à moi, flocons légers,

Quand il neige, quand il neige,

Quant à moi, flocons légers,

J'aime à vous voir voltiger.

Le soleil est en congé :

Comme il neige ! comme il neige !

Le soleil est en congé

(S'il n'a pas déménagé ! ...)

Chacun de s'interroger,

Tant il neige, tant il neige,

Chacun de s'interroger :

Jusqu'à quand va-t-il neiger ?

 

 

 

Jean-Luc Moreau

Poète français,(1927 - …)

 

 

 

 

 

Le bonhomme de neige

 

Savez-vous qui est né

Ce matin dans le pré ?

Un gros bonhomme tout blanc !

Il est très souriant

Avec son ventre rond

Ses yeux noirs de charbon

Son balai menaçant

Et son chapeau melon.

Le soleil a brillé,

À midi dans le pré,

Je n’ai rien retrouvé …

Le bonhomme a filé ! 

 

Jason Emond

Poète québécois contemporain

 

 

 

 

 


19/01/2020
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Poèmes d'automne

Chanson d’automne

 

Les sanglots longs

Des violons

De l'automne

Blessent mon coeur

D'une langueur

Monotone.

Tout suffocant

Et blême, quand

Sonne l'heure,

Je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure

Et je m'en vais

Au vent mauvais

Qui m'emporte

Deçà, delà,

Pareil à la Feuille morte.

 

Paul VERLAINE

(poète français, 1844-1896)

 

 

 

 

L’automne

 

On voit tout le temps, en automne,

Quelque chose qui vous étonne,

C'est une branche tout à coup,

Qui s'effeuille dans votre cou.

C'est un petit arbre tout rouge,

Un, d'une autre couleur encor,

Et puis partout, ces feuilles d'or

Qui tombent sans que rien ne bouge.

Nous aimons bien cette saison,

Mais la nuit si tôt va descendre !

Retournons vite à la maison

Rôtir nos marrons dans la cendre.

 

Lucie DELARUE-MARDRUS

(poétesse française, 1874-1945)

 

 

 

L’écureuil

 

Dans le tronc d'un platane

Se cache une cabane.

Un petit écureuil

Est assis sur le seuil.

Il mange des cerises,

Tricote une chemise,

Recrache les noyaux,

Se tricote un maillot,

Attaque les noisettes,

Fait des gants, des chaussettes...

Qu'importe s'il fait froid !

Tant pis si vient l'hiver !

Une maille à l'endroit,

Une maille à l'envers :

L'écureuil fort adroit,

Se fait des pull-overs.

 

Jean-Luc MOREAU

(poète français, 1937- …)

 

 

 

Mois d’automne

 

Septembre est rond

comme un raisin

voici les grains

et leurs pépins.

 

Le mois d’octobre

a pour champions

les champignons

les potirons.

 

Novembre a froid

il met des gants

aux doigts du vent

et des enfants.

 

Quant à décembre

il ne dit rien

Noël revient

dans les sapins.

 

Patrick JOQUEL

(poète français, 1959-….)


19/01/2020
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Découverte des Haïkus...

Le haïku (俳句, haiku), terme créé par le poète et théoricien Shiki Masaoka (1867-1902), est une forme poétique très codifiée d'origine japonaise, à forte composante symbolique, et dont la paternité, dans son esprit actuel, est attribuée au poète Bashō Matsuo (1644-1694). Le haïku tire son origine du tanka (ou waka) de 31 mores (un découpage des sons plus fin que les syllabes) composé d'un hokku de 17 mores et un verset de 14 mores. Bashō Matsuo isola les modules et ne conserva que celui de 17 mores, qu'on appelait le hokku ou le haïkaï.

Il s'agit d'un petit poème extrêmement bref visant à dire l'évanescence des choses. Encore appelé haïkaï (d'après le haïkaï no renga ou haïkaï-renga, forme antérieure plus triviale développée par Sōkan au XVIe siècle) ou hokku (son nom d'origine), ce poème comporte traditionnellement 17 mores en trois segments 5-7-5, et est calligraphié sur une seule ligne verticale. Le haïku doit donner une notion de saison (le kigo) et doit comporter une césure (le kireji). Si le haïku n'indique ni saison, ni moment particulier, on l'appellera un moki.

Les haïkus ne sont connus en Occident que depuis le tout début du XXe siècle. Les écrivains occidentaux ont alors tenté de s'inspirer de cette forme de poésie brève. La plupart du temps, ils ont choisi de transposer le haïku japonais, qui s'écrivait sur une seule colonne sous la forme d'un tercet de 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes pour les haïkus occidentaux. Quand on compose un haïku en français, on remplace en général les mores par des syllabes ; cependant, une syllabe française peut contenir jusqu'à trois mores, ce qui engendre des poèmes irréguliers.

La personne écrivant des haïkus est appelé haijin (俳人?), ou parfois également « haïdjin » ou « haïkiste ».

 

Le haïku ne se contente pas de décrire les choses, il nécessite le détachement de l'auteur. Il est comme une sorte d'instantané. Il n'exclut cependant pas l'humour , les figures de style, mais tout cela doit être utilisé avec parcimonie. Il doit pouvoir se lire en une seule respiration et de préférence à voix haute. Il incite à la réflexion. Il est préférable de le lire deux fois afin d'en saisir complètement le sens et la subtilité. C'est au lecteur qu'il revient de se créer sa propre image. Ainsi, le haïku ne doit pas décrire mais évoquer. Plutôt qu'une phrase répartie sur trois lignes, le haïku procède par une notion de césure, le kireji.

L'une des principales difficultés pour les haïkistes francophones est de retrouver une notion de flou qui est plus appropriée à la langue japonaise, celle-ci étant davantage contextuelle que le français, et utilisant moins d'articles et de formes de conjugaison. Des débats ont également lieu pour tenter de donner des pistes sur la ponctuation. Des tirets, des espaces ou signes d'ondulation paraissent le mieux s'approcher de la façon d'écrire très sobre des Japonais.

 

Mais ce n'est pas la seule règle que doit respecter un haïku, car il lui faut contenir un kigo (mot de saison), c'est-à-dire une référence à la nature ou un mot clé concernant l'une des quatre saisons  . Notons qu'au-delà des quatre saisons traditionnelles, le jour de l'an est très important et peut être considéré en haïku comme une saison à part entière. Si la saison peut être nommée, le cadre poétique impose le plus souvent de l'évoquer. Cerisier en fleurs pour le printemps, vol de hannetons pour été, etc. Mais « pleine lune », qui ne peut être rattachée à une saison en particulier, constitue également un excellent kigo. Au Japon, des livres spécialisés recensent les expressions les plus courantes pouvant être utilisées comme kigo. Ceux-ci sont généralement placés dans le premier vers.

Division approximative des saisons selon l'ancien calendrier lunaire :

  • printemps : 4 février - 5 mai
  • été : 6 mai - 7 août
  • automne : 8 août - 6 novembre
  • hiver : 7 novembre - 3 février

Quand le haïku ne contient pas d'élément indiquant la saison, on l'appellera un muki-haïku (littéralement « haïku-sans-mot-de-saison »).

 

Il n'est pas rare de trouver, même chez les classiques, des haïkus qui transgressent les règles. Mais de l'ensemble doit se dégager ce que certains appellent un « esprit haïku » – indéfinissable en tant que tel. Il procède du vécu, du ressenti, de choses impalpables. Généralement, la structure court-long-court est conservée. Cela dit, la structure 5-7-5 est encore la plus courante.

Les haïkus avec quelques mores de plus ou de moins sont parfois tolérés, sous la forme hachō (rythme brisé), et des termes techniques les désignent : un haïku de plus de 17 mores est dit ji-amari (« lettres en trop »), et un de moins de 17 mores est dit ji-tarazu (« lettres en moins ») ; cependant, ils ne sont considérés comme de bons haïkus que si la brisure semble inévitable pour obtenir l'effet produit. Les haïkus de type 5-5-7 ou 7-5-5 (voire 5-12 ou 12-5 quand un mot enjambe une division) sont plus fréquents. (L'œuvre du troisième maître classique, Issa, présente de nombreux exemples de chacune de ces transgressions.)

Il existe de multiples écoles de haïku, de multiples tendances. Le haïku zen, le haïku urbain, le haïku engagé... Chacune pouvant ou non respecter les règles de base.

Le senryū est une forme de poésie similaire mais qui met l'accent sur l'humour au lieu de la nature, et où l'auteur se met plus facilement en avant. Il est généralement plus léger que le haïku. Le kigo n'est pas nécessaire pour écrire un senryū.

 

Maîtres japonais du haïku :

Les noms sont donnés dans l'ordre occidental (prénom nom). Les maîtres les plus connus sont traditionnellement désignés par leur prénom (de naissance ou de plume) seul.

Antécédents   (haïkaï-renga)
Période d'Edo (1600-1868)
Ere Meiji (1868-1912)
Ère Taishō (1912-1926)
Ère Shōwa (1926-1989)
Moderne

04/04/2011
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