L'atelier du Sanctuaire

L'atelier du Sanctuaire

Calliope, poésie épique


Les premiers nés : les Peuples des Arbres

 

Livre Premier - L'Aube du monde
IX 

 

Les premiers nés

 

Les Peuples des Arbres

 

Souvent nommés «Nei Ktônia» car issus de terre.

De petite corpulence, vivaient au cœur

Des forêts, ces peuples sylvains aux yeux si verts.

Leur carnation, leurs cheveux de cette couleur

Également témoignaient de leur filiation

À la déesse, mère des Évergètes…

 

À l'aube des toutes premières moissons,

Ézaradan au si grand labeur s'apprêtait :

Aiguisant sa faucille, puis partit le son

Et le blé ramasser. Lukédès l'assistait

En faisant mûrir et sécher les lourds épis.

Jours après jours, mois après mois elle travailla,

Sans attendre le cruel hiver, sans répit.

 

Mais les blés mûrissant en trop grand nombre, la

Déesse ne pouvant seule tout récolter

Pria Aïon de lui donner du temps, mais il

Refusa. Elle s'adressa au puissant hiver,

Qui ne voulut point retarder son arrivée.

La belle de son manteau arracha des fils,

Et tressa, de tissu, de paille et de feuilles,

De verts lutins auxquels elle donna la vie

Pour l'assister en ses moissons jusqu'au noir seuil

De l'Hiver…

Ainsi narre-t-on la naissance

Des Nei Ktônia, les valeureux lutins des bois.


20/10/2014


Les premiers nés : les fils d'Hyppia

 

Livre Premier - L'Aube du monde
IX 

 

Les premiers nés

 

Les fils d'Hyppia

 

 Aussi rapides que le vent, caracolent sous les cieux,

Les sauvages centaures aux longues crinières ;

Habiles guerriers, quelquefois mercenaires belliqueux,

Lorsqu'ils suivent tel ou tel seigneur sanguinaire.

 

Ils furent pourtant les artisans d'un prospère

Royaume aux confins d'Acedron, aux sources de l'Itère,

Là où naquit Ethran, le père de leurs pères.

 

Des siècles après la grande guerre des Dieux, et

La division du monde entre les fils d'Aïon,

Warluik parcourait du monde les épaisses forêts.

Au cœur d'Acounthalis, il surprit, brillante sous les rayons

Du soleil, une gracieuse nymphe au bain.

Sitôt épris d'amour le chasseur divin

D'elle s'approcha pour lui prendre la main.

Effrayée, la jeune fille en biche se changea

Puis s'enfuit à travers bois ; la poursuivant

Warluik prit l'apparence d'un puissant et grand

Cerf. Atteignant la lisière, la biche se mua

En rapide jument, galopant à travers

Les prairies du sud, de même le cerf

Devint étalon. La poursuite une année entière

Dura. Finalement, la nymphe vaincue

S'offrit à son vainqueur dans la pénombre

D'une caverne, et ainsi furent conçus

Ethran, sa sœur Borkur, d'eux descendent nombres

De centaures : mi-hommes, mi-chevaux,

Car issus de Warluik et d'Hyppia : dieu et nymphe

Unis d'amour sous des apparences chevalines.


25/10/2013


Les premiers nés : les Nei Tropei

 

Livre Premier - L'Aube du monde
IX 

Les premiers nés

 

 

Nei Tropei, les Fils du Vent

 

 À l'aube du premier âge mortel

Ouvert par le souffle divin

D'Aïon…

 

Le char solaire, en son éclat irréel,

Parcourait les plaines et les monts, en chemin

L'accompagnait Tropè, le chaud et printanier

Vent du sud…

 

Chevelure désordonnée sous

Sa couronne d'or, l'alizé pour éveiller

Plantes et bêtes répandait son souffle doux…

Remarquant un chêne aux branches blanchies, mortes,

Il fredonna d'étranges paroles, alors

L'arbre s'ébroua, secoua sa ramure forte,

Reprit vie, se couvrit de larges feuilles d'or.

 

Le riant Tropè alors un hymne chanta :

Le rutilant feuillage du chêne frémit,

Réverbérant l'ode en milliers de tintements,

Une radieuse mélodie se composa.

De notes plus belles le feuillage s'emplit,

Fut pris de nerveux et multiples tremblements.

 

Inquiet, le dieu se tut, lentement s'approcha

Du végétal. Dans le ramage, bien à l'abri,

De lourds et brillants fruits cuivrés si prestement

Étaient nés, mûrissaient…Et d'un coup tous s'ouvrirent

Libérant de cristallins êtres, tout en sourire,

Au teint d'or, aux longues ailes transparentes,

Voltigeant en une nuée étincelante.

 

Ainsi du chant d'un dieu résonnant entre les

Branches décharnées d'un vieux chêne, naquirent

Ceux que l'on nomme les «Fils du Vent», les

Neï Tropei…


25/10/2013


Les premiers nés : les Kurii

 

Livre Premier - L'Aube du monde
IX 

Les premiers nés

 

Les Kurii

 

 Sur la grève à peine éclairée par l'aube, l'onde

Couronnée d'écume, venue de l'Océan,

S'étend puis se détourne de la grise plage.

D'est venu, le char solaire ce bleu paysage

Embrase ; alors l'azur s'emplit du vol de grands

Oiseaux blancs, unis en une aérienne ronde.

 

Sur la grève, une marine nymphe à la pâle

Silhouette ruisselante de sel et d'embruns,

Les yeux clos, s'est endormie, sombrant en son rêve…

 

…Le ciel de ses pensées se déchire, s'ouvrant

Sur la nuit de pourpre parsemée d'étoiles d'or.

Son âme s'élève à travers les nuées, puis

S'engage en un vert jardin par les dieux bénis ;

L'azur est transpercé par l'éclat d'un météore.

En cet éden s'ouvre un porche à deux lourds battants :

Un roi, couronné de feu et drapé de gloire,

S'approche de la belle : son pas silencieux

Apaise les maux de la terre, et il disperse

Les démons, le lourd sablier du temps renverse.

De froids brasiers enflamment l'éclat de ses yeux.

Elle, séduite, l'aime en un grand lit d'ivoire…

 

La marine nymphe s'éveille sur la grève,

Sur l'arrondi de son ventre alors pose sa main.

Rejoint Océan, les profondeurs abyssales.

 

 

Sur la grève, en un si doux matin de printemps,

La marine nymphe donna le jour à des

Jumeaux : Kura et Kuros, «sur le sable nés».

Ces deux petits grandirent parmi les oiseaux

Et les vagues : pupilles de l'air et de l'eau.

Frère et sœur apprirent alors, au fil des ans,

Élevés par leur divine mère, à parler

Avec les créatures des nuées, de l'onde :

Kuros répondait aux appels des goélands,

Sa sœur à ceux des créatures d'Océan.

 

Un soir, leurs complaintes se firent vagabondes,

Et l'on vit Kura, son frère, se transformer

Elle en dauphin, lui en grand albatros blanc.

Leur mère s'en effraya et les rappela

Auprès d'elle. Ils revinrent et d'autrefois

Leur première forme reprirent : celle d'enfants.

Ils avaient acquis le pouvoir de se changer

En créatures marines, aériennes.

 

Le grand Aïon voyant cela s' inquiéta

Du si puissant pouvoir de ces jeunes jumeaux.

Kuros, Kura, convoqués avec leur mère au

Séjour des Bienheureux, furent par le grand roi

Aïon jugés :

 

«Jeune enfants, quoiqu'il advienne,

Bien qu'issus d'une déesse, vous ne pouvez

Rester dotés de si puissants pouvoirs et vivre

Éternellement comme tous mes descendants !

Je vous enjoins alors à choisir prestement

Entre l'immortalité divine ou survivre

Mortels mais pouvant vous muer à volonté,

Adopter la forme de toute créature ! »

 

N'écoutant que leurs passions les jumeaux alors

Brisèrent le cœur de leur mère et choisirent

De garder leurs pouvoirs, de suivre leurs désirs.

Leur mère pour les suivre réclama la Mort,

Elle l'obtint et s'effaça des âges futurs.

 

 

Les jumeaux regagnèrent les cieux ou les eaux ;

Sous leurs formes aériennes ou marines

Procréèrent parmi les oiseaux, les poissons :

Alors naquirent de ces étranges unions

Des êtres merveilleux au regard d'opaline,

Mortels, magiciens, ayant le sable pour berceau,

Aussi beaux que les dieux, pouvant changer sans cesse

D'apparence au gré de leur fantaisie : on

Les nomma dès lors les étranges Kurii,

Dont les ancêtres abandonnèrent pour l'ivresse

De la liberté,

Leur immortalité…


23/06/2013


Les premiers nés

Livre Premier - L'Aube du monde
IX 

 

Les premiers nés

 

Ainsi nomme-t-on toutes les créatures

Contemporaines des premiers temps du monde,

Mais précédant, des elfes, la progéniture :

Libres sous les cieux, sur terre ou sous les ondes.

 

Issus des dieux, ou des forces de la nature,

Vinrent à la lumière : les Kurii, les Fils

Du Vent, les Centaures aux longues chevelures,

Et les Peuples des Arbres si pacifistes

Nés de la terre et des sorts d'Ezaradan la

Si grande déesse de la fertilité.

 

Chéris des dieux, tous prospérèrent bien longtemps

Par les plaines, les forêts et les monts, durant

L'enfance d'Hélendi, jusqu'à l'aube des rois.

Alors ils durent se soumettre aux dures lois

Des descendants de la si légendaire Haryelf…


16/01/2013